Editorial

Comme les années précédentes, toutes les propositions de communication traitant largement du management des organisations de santé sont recevables, quelsque soient leur thème et leur objet.

La journée aura néanmoins un thème fédérateur portant sur :« Les organisations de santé : définitions et transformations »

Les congrès précédents d’Aramos ont porté, notamment, sur la prise en charge des maladies chroniques (2015), l’e-santé (2016), le travail (2017), la recherche en management (2018), la coordination (2019), l’innovation (2020). Même si tous ces thèmes évoquent les organisations de santé, aucun ne traite spécifiquement de leur définition, comme de leur renouvellement à la fin du XXe et au début du XXIe siècles.

Les organisations de santé peuvent être définies par leurs missions et leurs fonctions. Les différents textes de loi instituant le service public hospitalier et les établissements publics de santé procèdent ainsi, sans donner entièrement satisfaction aux spécialistes de la gestion. Ni la structure des organisations de santé, ni leur complexité ou leur pluralisme (Denis, Lamothe, and Langley 2001), ni leur rôle symbolique au regard de la vulnérabilité humaine qu’elles traitent ne sont alors soulignés. Depuis près d’un demi-siècle des efforts importants ont été accomplis pour situer les organisations
de santé parmi des typologies existantes ou constitués ad hoc parmi lesquelles on peut citer, notamment, celles de R. Satow (1975), de R. Scott (1982), d’H. Mintzberg (2001) ou de P. Adler (2008) pour se référer aux plus connues. Curieusement cependant, ces travaux qualifient les organisations de santé à partir de leur sociologie ou de leur dynamique interne sans trop s’attarder aux corps souffrants ou aux esprits gémissants qui les traversent. La définition des organisations de santé (centres de consultation, réseaux, hôpitaux, ...) rendant compte à la fois des interactions
particulières entre professionnels, notamment médicaux, et gestionnaires, des remaniements qu’induisent la transition épidémiologique, comme l’e-santé et de la charge émotionnelle des événements qui s’y déroulent reste donc un chantier ouvert.

En outre, au-delà de l’interrogation définitionnelle sur les organisations de santé, se pose celle de leur caractérisation contemporaine. En posant les basant les bases d’une régulation par la contractualisation, de la planification régionale, des coûts complets par séjour et de l’évaluation des pratiques, la loi trentenaire du 31 juillet 1991 a constitué un jalon majeur dans leur transformation. Reste à interroger l’ampleur de cette transformation (la bureaucratie professionnelle est-elle à moitié vivante ou à moitié morte ?), sa continuité (la T2A prolonge-t-elle de manière quasi inéluctable et anticipée le PMSI des années 80 ?) et son caractère international (comment le Nouveau Management Public a-t-il été digéré par les fonctionnaires français et par l’administration sanitaire ?). Si une relative cohérence peut être trouvée au bloc d’évolutions législatives, réglementaires et organisationnelles des trente dernières années, s’ouvre, en outre, la question de l’essoufflement inéluctable de ce mouvement de réformes. Au regard de celles portées dans les années 2000, la loi Ma Santé 2022 apparaît particulièrement timide et les mesures adoptées pour faire face à la pandémie et les projets issus du Ségur de la Santé tendent à nuancer les dispositifs de financement jusque-là adoptés, à temporiser certains projets de restructuration et à revoir les modes de gouvernance à l’échelon national, régional et des établissements. La conjonction

d’une lassitude des personnels hospitaliers à l’égard des évolutions passées, de mutations sociales en cours (dont la décroissance peut être un symbole) et d’une pandémie invasive pourrait faire émerger de nouvelles perspectives en matière d’organisation des services de santé dont les linéaments restent à explorer.

Le congrès 2021 d’ARAMOS suggère de traiter plus particulièrement ces questions au cœur du management des organisations de santé. Pour les traiter, le congrès est ouvert à des formats divers (article « classique », essai, présentation de protocole, etc.) à condition que la méthode d’investigation et l’argumentation soient détaillées avec soin.

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